mardi 2 septembre 2008

La jeunesse de gauche a encore son mot à dire !

La jeunesse de gauche a encore son mot à dire !

Le Congrès de Reims du PS approche à grands pas et hélas les jeunes semblent être les derniers associés à ce grand rendez-vous… Pourtant, aujourd'hui c'est clair, les jeunes ont leur rôle à jouer ! La droite a imposé une vision faussée de la jeunesse. Elle idéalise une supposée jeunesse méritante qui veut travailler plus pour gagner plus, pendant qu'en parallèle « l'autre jeunesse » (étudiants, jeunes sans papiers, enfants de la banlieue, primo demandeurs d'emploi en galère, jeunes smicards, etc.), est stigmatisée parce qu'elle incarne en fait le contre modèle de l'idéal néolibéral de la jeunesse porté par la droite ! En outre, la jeunesse militante de l'UMP n'est ni la jeunesse « méritante » ni la jeunesse en proie aux difficultés quotidiennes de la vie. Au contraire, celle-ci est une jeunesse qui n'est en rien représentative de la jeunesse de notre pays.

Les jeunes sont encore nombreux à choisir le PS, mais le manque de confiance vis-à-vis de notre parti s'accroît tandis que, lors des élections, certains jeunes ne vont même plus voter. En réalité, le PS n'a pas correctement misé sur la jeunesse ces dernières années. Il a préféré laisser la réflexion sur la jeunesse au seul MJS, à la marge donc… Celui-ci plutôt que de repenser la place de la jeunesse à gauche s'est au contraire enfermé dans les jeux de pouvoir. Puisant ses références chez Guesde plutôt que chez Jaurès, le MJS n'attire pas les jeunes citoyens. Son incapacité à tenir un discours réformiste comme ses pratiques passéistes contribuent à la perte de confiance des jeunes envers le PS. De plus, le MJS s'avère malheureusement incapable de conserver durablement en son sein ses adhérents. Au sujet de l'Université, le MJS répond aux abonnés absents : parmi les contributions thématiques hormis le texte L'université de demain, rédigé par des jeunes issus du syndicalisme et de l'associatif, aucun autre texte ne traite de cette question alors que 1,5 millions jeunes poursuivent des études supérieures ! La gauche a vaillamment combattu pendant des mois les projets de la droite qui touchaient la jeunesse et l'université comme le CPE et la LRU, alors est-ce normal d'avoir si peu de contributions portant sur ces thèmes ? Nous regrettons enfin que dans la contribution présentée par la majorité du MJS apparaisse encore la revendication imprécise d'une allocation universelle pour les jeunes. Cette revendication égalitariste porté depuis des années par les mêmes organisations de jeunesse illustre les limites actuelles d'organisations trop bridées.


Jeunes et fiers de nos valeurs de Gauche et attachés à notre parti, nous voulons réfléchir sur le fonctionnement de la société dans sa globalité. Si des sujets qui, par tradition, sont le terrain privilégié de la jeunesse (débat sur l'autonomie des jeunes et l'insertion professionnelle après les études) restent importants, nous refusons qu'ils délimitent notre engagement politique. Cela signifie que nous voulons être par exemple entendu sur les retraites, les 35h… Ces enjeux sont primordiaux pour notre avenir. Un constat enfin : les jeunes sont de moins en moins attirés par le PS et donc par la promotion de son projet global de société. Parce que celui-ci s'est éloigné de leurs préoccupations quotidiennes, ceux-ci choisissent de s'engager pour des causes plus pratiques (l'Humanitaire) ou qui touchent directement leur quotidien (lutte contre la précarité, pour le logement). Parce que nous ne prétendons pas détenir toutes les solutions et parce que demain il nous faudra être politiquement innovant, il est plus que jamais nécessaire de renouer un dialogue transgénérationel durable entre jeunes et intellectuels. Enfin, ces dernières années, le politique a été trop rarement à l'écoute de la société civile. Or il y a des leçons qu'il ne faut pas oublier : après sa défaite en 1995, Lionel Jospin s'était attelé à une reconstruction idéologique du PS qui a pu préparer la victoire de 1997. De même Nicolas Sarkozy a réformé son parti à travers 21 conventions thématiques durant près de deux ans avant l'élection présidentielle.

Parce que nous aimons notre parti, il est temps que se lève chez les socialistes une autre jeunesse, une jeunesse qui ne soit ni la jeunesse bling bling de droite, ni la jeunesse archaïque du MJS. Une jeunesse de gauche ouverte sur l'extérieur qui refuse aussi bien le discours de compromis avec le néolibéralisme que le discours dirigiste où les ensembles collectifs priment toujours sur l'Individu. Cette jeunesse est porteuse d'un projet où l'humain est au centre du discours. Chaque homme doit être libre dans ses choix et surtout doit bénéficier, au plan économique, de quoi vivre dignement. Voilà ce que doit défendre la jeunesse de gauche : la dignité humaine. Défendre la dignité de l'homme, cela veut dire que nous voulons être respectés. Faire qu'aujourd'hui et demain, nous puissions vivre dignement, cela veut dire qu'il faut agir en direction de la personne en tant que telle, en prenant en compte les diversités et donc en évitant les réflexions généralisantes qui nient, au plan économique et social comme au plan sociétal, nos différences.

Entre le libéralisme économique et le dirigisme passéiste, la jeunesse de gauche propose donc une autre voix pour remédier au désordre établi. Celle-ci doit se donner tous les moyens de son ambition. À ceux qui veulent la voir bâillonnée, elle répond au contraire, qu'aujourd'hui plus que jamais, elle a encore son mot à dire !



Source : Diego MELCHIOR, section de Sciences Po, Barnabé LOUCHE, section de Privas

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