vendredi 6 juin 2008

Quand le pétrole s'en va...

Pêcheurs en grève. Routiers en grève. Agriculteurs en grève. Taxis en grève. Ambulanciers en grève. Tout ça pourquoi ? Pour une seule et même raison : le pétrole. Le pétrole qui flambe. Qu’est ce qu’ils veulent les bougres ? Que l’Etat leur assure le carburant moins cher. Histoire de continuer à gagner de l’argent quand ils travaillent. On les comprend. Mais le problème est bien plus large que ça. Le pétrole cher ça pourrait bien ne pas s’arrêter de si tôt. Voire ne pas s’arrêter du tout. D’où vient ce prix ? On parle de spéculation. C’est vrai que depuis l’éclatement de la bulle sur l’immobilier américain, les spéculateurs en tout genre sont revenus aux bons vieux profits sur les matières premières. Avec les conséquences qu’on sait sur les prix de l’alimentaire mondial. Et les matières premières, c’est aussi le pétrole. Sauf que l’effet de la spéculation sur le prix du baril, pour réel qu’il soit, ne serait bien que l’écume sur la vague. D’autres causes bien plus profondes sont aussi bien plus inquiétantes pour l’avenir, au moins économique, de la planète. La principale, c’est sûrement que la consommation n’a jamais été aussi élevée. Surtout avec le développement à réaction de la Chine et de l’Inde. Et puis, les pays producteurs ont appris depuis quelques décennies à ne plus se laisser pomper par les compagnies européennes et américaines. S’ajoute une autre cause, qui ne joue peut-être pas encore vraiment, mais qui sera réellement problématique dans les années à venir : la pénurie. Ben oui, le pétrole c’est pas comme l’or de Midas. Quand y en a plus, y en a plus.

Mais prend-on vraiment conscience du bouleversement que représentera la hausse continue des prix du pétrole puis la pénurie ? Les conséquences économiques et sociales seront énormes. Car aujourd’hui, TOUT repose sur le pétrole. Prenons l’exemple de l’alimentaire. La plus grande partie de ce qu’on bouffe est issu d’une agriculture productiviste. C'est-à-dire qui produit sur d’énormes surfaces exploitées grâce à des machines qui fonctionnent…au pétrole. Qui nourrit ses cultures avec des produits qui contiennent… du pétrole. Qui nécessite, pour rejoindre les centres urbains de consommation, des transports roulant… au pétrole. Et on va acheter tout ça au supermarché… avec du pétrole. Les prix de l’alimentation risquent donc bien d’exploser d’une telle façon que la famine, on la connaîtra aussi. De manière générale, nous sommes dans une économie mondialisée qui regroupe des nations spécialisées et interdépendantes. Ce système est viable tant que les coûts de transport sont minimes… Et tout cela sans compter l’effet kiss cool du pétrole à tout crin, le réchauffement et autres désastres environnementaux, qui nous rappellera un jour qu’à trop jouer les apprentis sorciers c’est peut-être à notre fin biologique que nous courrons.

En gros, je pense que nous sommes à l’aube d’une période très difficile, très compliquée. Une période où il faudra repenser tout l’ordre économique du monde en cherchant à limiter au maximum les conséquences sociales. Si on laisse faire la jolie technique du libéralisme économique ? Oh oui, les « anomalies » seront corrigées. Mais en combien de décennies ? Pour quel coût humain ? Non, il faudra repenser des solutions plus ou moins dirigistes, concertées, volontaristes, pour rendre possible une transition vers une économie en partie relocalisée. En agriculture comme en industrie. Et il faut être honnête, oser affirmer que la société de surconsommation on devra l’oublier. Finis les cadeaux bonux en plastique. Ben oui, le plastique c’est du pétrole aussi, et puis c’est fabriqué en Chine tout ça, transporté à coup de pétrole. Décroissance ? Si ça continue, nous n’aurons pas le choix.

Alors voilà. Une volonté qu’il nous faut. Pour reconvertir des activités condamnées (comme la pêche telle qu’on la pratique aujourd’hui par exemple), pour soutenir ceux qui n’arriveront pas à s’adapter, pour pousser la recherche. Il faut le dire, l’assumer et proposer une vision. Tout ça nécessite évidemment une réflexion de long terme et une intervention publique (donc il faudra s’atteler à repenser la fiscalité, ça pourrait bien être nécessaire…). Volonté, vision, honnêteté. Peut-on en attendre autant de notre gouvernement ? Il est clair que non. Y-a-t-il quelqu’un au PS capable d’assumer une telle position ? J’ai peur de la réponse.

Pessimiste ? On verra…


Colin

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bon, ne soyons pas catastrophistes à ce point. les labos de R&D regorgent de solutions de rechange au pétrole: bio-carburants de 2e génération (à partir du bois ou de déchets végétaux), pile à combustible alimenté à l'hydrogène, lui-même produit par bio-masse etc...
nous allons vivre une véritable révolution technologique, et c'est tant-mieux car ces nouvelles technologies sont nettement moins polluantes que le pétrole;
Encore faut-il qu'elle soit accompagnée par une volonté politique de reconversion rapide de l'industrie, pour éviter une crise majeure dans les pays qui n'auront pas su se réagir à temps.