Faut-il que le PS ait un vrai chef, ou simplement un "chef d'orchestre" qui dirigera les travaux de réflexion et de réfondation ?
Dans un monde parfait, avec un PS parfait, il serait intéressant de procéder ainsi : laisser libre cours à la vie des idées, aux débats ; oublier un peu les rivalités pour se concentrer sur la matière politique elle-même. La difficulté, c'est que, visiblement, la culture actuelle veut que la lutte des idées serve à faire avancer discrètement (quoique...) une carrière politique. Le "débat" devient un système pour masquer les jeux des personnes. Du coup, le débat est faussé, la concurrence n'est pas franche, et les idées même pas bonnes. La tribune de Benoît Hamon et Henri Emmanuelli, publié la semaine dernière (et que j'ai discutée ici), et un très bon exemple de cet exercice qui nous est désormais un peu trop familier : discuter des idées et de l'actualité dans le seul but de se positionner face aux camarades rivaux, de préférence sans nommer ces derniers mais en laissant des indices pour que les initiés puissent se retrouver facilement.
Quelles que soient les raisons de cet état regrettable de la culture politique du niveau national du PS, il faut reconnaître que c'est ainsi. Les dents longues des uns et des autres ne vont pas se rétracter subitement pour laisser place à des débats désintéressés.
Dans un bon billet de réflexion publié ici même, Colin, qui propose plusieurs bonnes idées sur les bases d'une ligne politique à développer, appelle d'abord à une réflexion détachée des ambitions personnelles :
savoir qui sera le meilleur candidat pour 2012 n’est pas d’une grande utilité dans une optique de long terme. En se focalisant sur les questions de personnes, on risque de ne penser qu’en termes d’ image et non de fond. C’est une vision néfaste de la politique et de la démocratie. C’est croire que l’électeur est abruti et ne choisit que sur des questions superficielles, ce qui n’est pas complètement faux, mais c’est surtout croire qu’il ne peut en être autrement.[...] Etre réellement socialiste ne saurait être compatible avec une telle conception de la politique.
[...]
La réflexion idéologique d’abord. Il faut commencer par se retrouver autour des valeurs qui seront le fondement d’une doctrine socialiste. Pour moi, ces valeurs s’articulent autour d’ une recherche de l’émancipation et la libération de la personne humaine.
Voilà : ce serait bien si c'était possible. Il est difficile de ne pas être d'accord. A la limite, les choes devraient pouvoir se passer ainsi. Malheureusement, le constat assez pessimiste de l'impossibilité pour le PS d'abandonner ses querelles s'impose. Non qu'il faille renoncer à surmonter ce problème, à changer les pratiques. Au contraire. Mais pour y arriver, il faut commencer à partir de la réalité de la situation actuelle.
C'est comme dans une famille qui a des problèmes de comportement. Tous les membres de la famille imaginent comment la vie pourrait être belle si la mère pouvait arrêter de picoler ou si le père ne tapait plus les gosses. Généralement dans ces cas, les regrets sont inutiles ; la solution ne peut venir qu'en reconnaissant la réalité des problèmes. La seule volonté de changement ne suffira pas, il faut trouver le moyen de passer d'une situation execrable à une autre situation, un autre équilibre.
La question pour le PS est donc celle-ci : comment passer de cette culture de la rivalité à un autre état, plus positif, plus constructif? Je vois deux solutions, mais il y en a peut-être d'autres, pour neutraliser la danse des éléphants.
- Mettre fin aux rivalités en choisissant très vite un vrai chef. Ou plutôt une chef (à mon avis à moi, mais ce n'est pas la question pour l'instant). Trancher la question du leadership le plus tôt possible pour que la question ne se pose plus et qu'il reste du temps au Parti de penser à autre chose. (Si ça se passe bien, le premier secretaire pourrait être le candidat en 2012, mais ce ne serait pas automatique.)
- Décentraliser la réflexion en faisant appel, sérieusement pour une fois, aux capacités des militants. Mettre le système des éléphants hors circuit en se tournant vers le domaine local, ex-centré qui est, comme le témoignent les dernières éléctions, la véritable force du PS.
Source : La pire Racaille
10 commentaires:
Pour le point 2, cela n'exigerait-il pas de revoir le mode de désignation du bureau national (proportionnelle + cooptation) qui porte en lui la neutralisation des courants entre eux et par là même l'impossibilité de choix clairs et tranchés ?
si j'aborde ça demain cyril... pour moi scrutin de type proportionnel avec prime au courant qui arrive en tête (en bref il est majo par contre... il est exclu des sièges-1 restant)
oui c'est vrai !
on en reparle demain donc :)
je ne parviens toujours pas à comprendre qu'on pose comme principe que le débat d'idée est distinct de celui de personnes
un leader, en principe, ça a des idées, et surtout c'est capable de les défendre
que chacun affirme ses idées, et s'il yen a qui ont les mêmes, alors on verra lequel les défend le mieux
un peu d'émulation que diable!
Quand les dirigeants socialistes arrêterons de saborder l'idéal de Jaurés , peut être que la France
renaitra de ses cendres .
@ martin p. : comme j aimerais connaitre les idées politiques des leaders. Encore, Ségolène on commence à avoir vaguement une idée. Delanoe ?
martin p.,
Je suis d'accord pour dire que l'idéal d'un débat sans enjeu de personnes est trop... idéaliste. Le problème au PS maintenant est peut-être une logique institutionnelle dans laquelle les puissants s'occupent d'abord de leur position.
Je me demande d'ailleurs si cette logique n'est pas celle qui empêche les synthèses autres que molles : pour chacun des chefs de file, leur place institutionnelle rend impensable une soumission à l'un des autres chefs de file. Du coup, on fait des synthèses et le resultat est illisible.
Je rejoins pleinement les observations de koramwat et martin p.
Je suis presque d'accord avec Martin p. C'est juste que pour moi, sur chaque thème les meneurs émergent du débat d'idée. A la fin il faudra choisir celui ou celle des meneurs qui synthétise le plus ou le mieux (ou les deux) l'ensemble des débats.
Mais y a t-il une chance que les "élites" prennent le risque de voir une bonne partie de leur pouvoir remis entre des mains qu'ils ou elles ne maitrisent pas ?
Et bien voilà si on commence à comprendre que ce congrès doit être une vraie confrontation d'idées, un débat idéologique et stratégique alors on peut espérer envisager l'avenir.
Et évidemment on tranchera le leader, sa vision et son projet. Ca va ensemble. Vouloir une direction collégiale est une ineptie idéologique commise par ceux qui n'ont plus d'espoir d'incarner le renouveau socialiste appuyée sur la vision social-républicaine de Jaurés. Ce socialisme qui n'a pas peur des symboles de la France républicaine. Je crois fortement d'ailleurs que l'idéal de la république est socialiste. A nous de se réapproprier cet idéal.
Colin
J'ai pas le temps là mais le jour où tu voudra des idées de ségolène Royal je suis à ta disposition. Tu constateras que nous ne sommes pas si éloignés que cela de Hamon. je dirais même plus nous avons énormément d'idées!;-) Inspirées du pacte présidentiel, toujours actuel, qu'il faudra enrichir.
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